Le fabuleux pays de Pipoland

Il n’y a pas si longtemps (quelques jours, quelques semaines, quelques mois, quelques années, qu’importe de si subtiles nuances dans le grand scheme de la vie?), mes petits camarades et moi-même avons été traînés par les cheveux pour fortement conseillés à passer des entretiens d’embauche factices sans enjeu aucun, parce que… pour rien en fait, il n’y a pas d’enjeu, donc pas de raison, c’est aussi simple que cela. Enfin, peut-être ont-ils été conçus pour nous embêter gravement (auquel cas ils ont parfaitement rempli leur mission), mais la bienséance me permet d’en douter. Ce que l’on retiendra de cette expérience enrichissante (à part le fait qu’elle fut horriblement enquiquinante)(oui, je sais, j’insiste lourdement dessus, mais le jour où on vous obligera à vous lever à 6 heure un samedi matin, vous ferez de même), ce sera l’aspect très hypocrite du geste.

Le principe est simple: l’élève (pardon, le jeune adulte) doit craquer des bobards le plus habilement possible dans la tête des deux ou trois vieux personnes d’expérience qui lui font face, le genre de bobard réaliste et facile à avaler comme « j’espère (ne jamais dire je veux, ça fait mauvais genre. Le désir est un crime odieux bientôt puni par la loi) devenir PDG d’une firme indépendante et humanitaire pour la survie des lamas à Tombouctou (la cause des lamas est trop souvent ignorée) parce que je suis une personne ouverte, ambitieuse, pleine de bonté, qui ne demande rien de plus que découvrir de nouvelles cultures! » alors que pas plus tard que samedi dernier, son amibition était de devenir un(e) chanteur(teuse) révélé(e) par The Voice, émission culturelle par exellence. Les examinateurs, eux, boudinés de sagesse et de psychanalyse à deux sous, donneront des conseils qui révolutionneront à jamais la vie de l’élève (après avoir suivi les conseils de ses examinateurs, Jacques est devenu abonné à Pôle emploi, lui qui pourtant se destinait à une édifiante carrière d’ingénieur. Coïncidence? Je ne crois pas).

Bref, du Pipo pur et dur, qui, il est vrai, a eu pour mérite de révéler à Marjorie sa voie future (Marjorie, mais si, vous savez, cette p… pimbêche qui vous vole vos amoureux ou qui vous brise le coeur, selon le sexe, depuis la maternelle, qui se maquille comme une voiture volée et qui rigole tout le temps super fort et sans raison. Marjorie.). Marjorie qui d’ailleurs n’a pas résisté à la tentation d’envoyer à tous ses contacts un texto significatif : « I ❤ PIPO!!!!!! I want to go to HEC!!!!!!!!! » (et non, bande de mauvaises langues, elle n’utilise pas le franglais et les sigles par snobisme, c’est seulement parce qu’elle a un blackberry, qu’elle ne peut donc pas avoir de é ni de è et encore moins de ê, et que tout de suite, ça devient plus compliqué de parler la langue de Molière dans ces conditions, do you get it?).

Donc, autant vous dire que le discours touchant de monsieur le Proviseur sur l’attitude extrêmement positive que nous avions adoptée avait de quoi faire expirer de rire. Je n’attends donc pas un instant pour me bidonner en votre compagnie.

Rions, mes bons amis. Et fermons la parenthèse.

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