Je suis Joie, Enthousiasme et Bonne Volonté (je pourrais presque ajouter un smiley)

Mes chers coplanètaires,

J’ai honte. Je vous ai lâchement abandonné pendant presque deux longs mois. Mea culpa, je me repends et je me répands, c’est vous dire la vérititude de ma repentance. Mais sachez que ma désertion ne fut en aucun cas volontaire. Voici la chose: le mois dernier, j’ai été initiée à WoW.

Mon meilleur ami ces derniers temps...

Avant, j’avais une vie sociale. Mais, ça, c’était avant.

Pour les heureux chanceux qui ne connaissent pas WoW (ou World of Warcraft), sachez seulement que WoW, c’est… et bien… c’est le Mal (prononcez « le MAAAAAAAAAAAAAAL!!!!!!!! », les oignons et les croix en bois sont disponibles au guichet, merci). Horriblement addictif, pire que l’alcool, les clopes et les médocs réunis. Pour vous donner une idée du niveau d’insanité que ce jeu m’a faite atteindre, j’ai un instant envisager de tout plaquer et d’aller vivre en ermite en Sibérie uniquement accompagnée de mon pack de survie (i.e. des briques de lait, des boîtes de céréales et un ordi. C’est tout) et traîner tout le jour durant dans un bunker, vêtue d’un vieux pyjama, pas lavée, pas coiffée, avec de la salive séchée aux commissures des lèvres. Je vous laisse méditer sur cette image à potentiel saikse incommensurable.

Bref.

Mais qu’est-ce que donc qui t’a fait revenir? me demandez-vous benoîtement.

Ce qui m’a fait revenir, ce sont les exams de fin d’année, ceux avec un grand P comme Panique. Plus précisément, ce fut ce moment maudit où on se rend compte que, ah, non, les cours ne sont pas des heures de loisir destinées à vilipender avec force ricanements des propos emplis de cruauté et de mauvaise foi à l’encontre des « dispensateurs du Savoir » mais, oui, effectivement, des heures où nous sommes censés apprendre quelque chose.

Cette terrible révélation aux allures d’Épiphanie déclenche en nous de curieux comportements (mais pas celui de travailler, c’est dingue ça quand même):

  • Il y a celui qui s’en fiche. Apparemment, le sursaut de lucidité n’a pas réussi à ébranler ce qui lui sert de matière grise. « Ha, heu, ben, oui, faut bosser… Heu, bah, non, jvais pas le faire, heu, bah, ça va, c’est… heu, chuis cool, quoi. » Admirez la virtuosité de la prose, de l’argumentation. J’en suis toute ébaubie. Bon, par contre, à moins d’être né avec LE gène de la coolitude, je suis au regret de vous informer qu’il est peu probable que vous arriviez jamais à un tel niveau de détachement (à part en abusant de certaines substances illicites, qu’en tant que personne responsable, je ne saurais vous recommander). Signes distinctifs: a dormi tout au long de l’année (même au tout début quand tout le monde était frais, dispo et motivé), n’a jamais rien eu dans son sac (on se demande pourquoi il prenait la peine de l’apporter), a toujours les cheveux dans les yeux (ce qui le fait vaguement ressembler à un cocker larmoyant, ou à une limace géante, on ne sait pas, mais quelque chose de pas complètement humain en tout cas). Ce qui se passera: on le reverra au rattrapage sans doute avec la même motivation (on ne se refait pas)
  • Il y a celui qui dort. La révélation n’est pas encore descendu sur lui. Signes distinctifs: d’une manière générale, il est toujours en retard pour tout. C’est lui qui a demandé s’il fallait vraiment demander sa carte d’électeur la veille des élections. Ce qui se passera: on ne sait pas trop, on prie pour lui, mais sans se faire trop d’illusion.
  • Il y a celui qui le savait déjà et que du coup, on a légèrement envie de taper. Signes distinctifs: il y a un planning accroché au mur de sa chambre, juste à côté de son bureau, avec toutes les révisions qu’il a effectuées depuis janvier, et toutes celles qu’il doit faire, avec des marqueurs fluos qui veulent dire « urgent », « pas urgent mais à faire », « pas nécessaire mais utile », « pas utile mais intéressant ». Il fait trop flipper sa race parce que 1) QUOI LE BAISE???? (cette expression est sponsorisée par l’Impératrice du Beulogue) 2) il n’a jamais été tout à fait normal, mais là, c’est carrément maniaque 3) ses sujets de révisions « pas utiles mais intéressants » (en rose sur le planning) portent sur des trucs ultra pointus dont personne n’avait entendu jusqu’alors (du genre la couleur préférée de Kant ou le régime alimentaire de Georges Pompidou); et il a noté que c’était intéressant. Ce qui se passera: il finira sans doute célibataire à repasser ses chaussettes et à les accorder à ses slips par nuances de gris. En attendant, on le met en quarantaine, des fois que la folledinguerie soit contagieuse.
  • Il y a celle qui panique et on ne sait pas pourquoi. Signes distinctifs: Elle fait des plannings qu’elle ne respectera pas (trop remplis), des fiches qu’elle n’apprendra pas (trop fluos, ça pique les yeux), chaque conversation entamée avec elle aboutira à la longue énumération de tous les sujets qu’elle n’a pas révisé. Ses gouttes de sueur, ses tics nerveux, ses pupilles dilatées, tout en elle témoigne du long hurlement de terreur qu’elle doit entendre non stop depuis la révélation (ou alors c’est qu’elle a abusé de la beuh dans une vaine tentative de ressembler à celui qui s’en fiche. C’est pas bien). Le pire, c’est que son stress est contagieux. Ce qui se passera: Si elle ne perd pas tous ses cheveux, tout ira bien pour elle. On ne se fait pas de souci, on a arrêté de s’inquiéter pour ses résultats scolaires depuis qu’on l’a surprise il y a deux ans à pleurer toutes les larmes de son corps parce qu’elle avait « Tableauu d’honneur et pas Félicitatioooooooooons! » Donc bon. Si ça se trouve, elle aura la meilleure note de l’établissement. Et une médaille.
  • Il y a celui qui panique mais on sait pourquoi. Signes distinctifs: les mêmes que ci-dessus… Ce qui se passera: … sauf que lui, il échouera vraiment.
  • Il y a celui qui réagit bizarrement. Et c’est un euphémisme. Signes distinctifs: à la base, il pourrait être un « celui qui panique ». Sauf que son cerveau a alors un réflexe (qui est, en fait, un réflexe de caca): il lui trouve une passion quelconque, vive et irraisonnée (sport, art, programmation, WoW… heu…) à laquelle il se consacrera entièrement pour s’épargner le stress que susciterait une réflexion trop approfondie au sujet des examens qui arrivent (les choses sont bien faites; on jurerait que c’est fait exprès). Technique pourrie, on est bien d’accord. Mais c’est pour « motiver » dans les révisions. On cherche encore le lien entre les jeux vidéos et la motivation à réviser la France des années 60. Mais il y a peut-être un lien logique qui nous échappe. Ce qui se passera: Méthode peu rentable, il est légitime de douter quant aux résultats. Beaucoup douter.

Ah, pourquoi tant de stress et de dénégation de l’échéance quand il est si simple d’ouvrir ses bouquins et de bosser? N’est-ce pas encore la meilleure manière de s’échapper de la boucle des interrogations infinies (« serais-je ou ne serais-je point à la hauteur? », « est-il temps de pleurer ou pas? ») et de réussir?

Sur ce, je vous laisse, un raid m’attend sur WoW. Non, mais c’est seulement pour me motiver, ensuite promis, je me mets au taff.

Fermons la parenthèse.

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