Nous être gros animaux politiques (hurlements bestiaux)

Puisque maintenant, je suis une bonne élève et que je me mets au premier rang pour éviter les maux de tête (voir ici)(je m’autocite, c’est dingue) lors de mes cours de philosophie juridique (avec un prof qui vous fixe de ses yeux globuleux… je vous assure que c’est flippant), je me suis soudain rappelée pourquoi je me mettais au fond avant j’en ai écouté suffisamment pour entendre que:

Nous sommes des animaux politiques » (Aristote)

J’en ai donc profité pour méditer sur les affres de la politique actuelle (et non, ça n’a rien  à voir avec le reste du cours si vous voulez savoir, lequel portait sur la legitimité des lois. Je crois. Mais je m’ennuyais.)

Donc, nous sommes des animaux. En tant que tels, nous aimons laisser notre empreinte, nos marques, mais puisque nous sommes, apparemment, doués d’intelligence, nous aimerions autant que cette marque dure plus longtemps que le pipi du chat sur le canapé, toute une vie, reste dans l’Histoire, et pourquoi pas soit gravé en lettres de feu dans le ciel pour l’éternité. Quand ce sont de petits rigolos comme Justin Bieber ou Marc Levy qui embêtent profondément le monde en tentant d’imposer leurs marques (qui ne valent pas mieux que de l’urine de chat, mais chut, je ne critique personne), ce n’est pas bien grave, sauf peut-être pour nos yeux et nos oreilles.

Un animal développé en puissance. Appelez la SPA. Ou la fourrière.

Mais quand ce quelqu’un, séduit par l’idée de pseudo-immortalité, s’avise de vouloir guider la Nation pour assouvir son désir, c’est déjà plus problématique. On voit mal, en effet, comment un tel personnage pourrait répondre aux attentes, heu, du peuple, et non à ses propres attentes et il y a beau temps que la fameuse blague « L’Etat, c’est moi » ne fait plus rire personne.

Avant ça le faisait rire, lui.

Et donc, en nos temps printaniers (ou presque) de campagne présidentielle, il serait peut-être intéressant de voir si les candidats proposés envisagent ou non de répondre à nos attentes. Comment peut-on le vérifier? me demanderez vous, implorants. Et bien, je vous donne, dans ma bonté extrême, mon secret: lire les programmes. Bon, je reconnais que la lecture en est souvent ardue (à croire qu’ils ont été écrits exprès pour qu’on ne puisse pas les lire, c’est fou ça, non?), et qu’à cause de facteurs aussi divers que décisifs (flemme, fatigue, flemme, indifférence, flemme, flemme, flemme), nombre de potentiels votants ne les ont pas lu, ces fameux programmes. Bon, au fond, peu importe, même s’il est vrai que cela ferait fondre comme neige au soleil la crédibilité de certains prétendants, et que surtout, surtout, cela diminuerait nos envie de meurtre lorsque Cathy, fraîchement majeure, accourera vers nous, un sourire plaqué sur sa bonne tête à claque, révélant qu’elle pourra voter, hihihi, c’est trop frais, en plus le maire va lui remettre sa carte d’électeur en main propre, huhu, elle est trop importante pour la France, elle se sent plus, hihihi.

Mais là n’est pas le noeud du problème. Non, le problème, c’est que cette campagne commence (soyons optimiste, peut-être que ça s’arrangera par la suite) par se baser sur de brillants arguments que je renommerais les arguments « MOI, JE »:

« Moi, je vous sortirais de la crise! » (parce que Superman m’a appris quelques trucs pendant les vacances)

« Moi, j’aime les jeunes! » (ce genre de déclaration a plutôt tendance à m’inquiéter, je ne sais pas pour vous, mais bon…)

« Moi, je suis le/la seul(e) à dire ce que personne ne dit! » (parce que le héroïsme désespéré, ça fait recette de nos jours – mais personne ne lui a jamais dit que peut-être la raison en était qu’il/elle ne disait que du grand n’importe quoi que quiconque se garderait bien de répéter? Parce qu’en général si tu es le seul à dire ce que tu dis, c’est que peut-être tu as tord. En tout cas, moi, je me poserais des questions à sa place…)

« Moi, je suis proche des gens! » (et pour le prouver, tu vas sur TF1 parler à ces mêmes gens d’un ton paternaliste et protecteur que d’autres utilisent pour parler à des chiots… chacun ses valeurs)

« Moi, je ne m’expose pas honteusement dans les médias! »(ton clone maléfique le fait à ta place en ce cas, ça doit être pratique)

« Moi, je suis culturé, regardez mon gros livre! » (sic. Juste… Juste sic)

« Moi, je suis génial, les autres, c’est que des bouseux, ils sont placés plus bas que les bébés limaçons dans l’échelle sociale, c’est vous dire. » (je rêve qu’un jour, on en arrive à là)

On a la vague impression de se retrouver devant la Ferme Célébrité, avec les coups de gueule, les idiots, et ceux qui boudent. Passionant. Sans compter ceux qui rebondissent allègrement sur des faits divers pour remonter leur cote de popularité.

Nous en sommes donc réduits à voter selon les personnalités des candidats. Leur charisme. Leur assurance. Pas leurs projets économiques, ha non, c’est chiant ça, on va laisser ce choix à ceux qui ont lu les programmes. Personne ne semble avoir tilté que c’est quasiment aussi ridicule que voter pour quelqu’un parce qu’il est blond ou qu’il a des lunettes (enfin, si, des tas de gens l’ont compris mais chut, on bouge rien, on reste comme ça, hein?). Personnalité en politique n’est jamais qu’un personnage, qu’un déguisement, et non la réalité, nous le savons tous, mais quelquefois, on peut s’accomoder de l’incohérence.

Les lunettes. Un facteur de vote puissant.

J’entends d’ici les détracteurs :

« Oui, mais non, mais pour les relations diplomatiques, c’est bien que les pays voisins voient que notre chef d’Etat sait s’imposer, ça nous donne la classe à l’international, huhu. » Sans vouloir vous vexer (ou à peine), si l’Etat se noie dans la crise comme une sombre bouse, eût-on Georges Clooney comme président, ça n’empêchera pas le monde entier de se foutre de notre gueule (et je ne dis pas que j’aime Georges Clooney, ou qu’il est charismatique, je dis juste que… oh, et puis, laissez tomber).

« C’est le même système aux Etats-Unis, je ne vois pas où est le problème. » Ha, c’est pareil aux US, pays autoproclamé du vedettariat et du pouvoir totalisant de la presse? Ha. Alors amen. C’est pas comme si il y avait eu un président américain ex-acteur qui avait voulu créer un bouclier spatial pour faire comme dans Star Wars. Mais il était charismatique, alors…

« C’est bien gentil de critiquer quand on ne propose rien! » Humpf, attaque sournoise sur ma personne, quand je m’attendais à être critiquée sur mes idées. Ha, mais si je propose. Je propose que les politiques arrêtent de se foutre de nous, et écrivent des programmes vaguement compréhensibles et moins soporifiques. Et qu’ils débattent sur les contenus des  programmes. Et non sur qui a insulté qui (parfois, on se croirait dans une cours de récréation, c’est dément). Mais en attendant ce jour utopique, je propose d’essayer de lire les programmes, ou du moins, d’en comprendre les grandes idées, et de réaliser que certains n’ont absolument aucune idée de redressement économique réaliste (trois milliards d’euros ne se trouvent pas dans les arbres, non madame). Faire son choix ensuite, c’est vous que ça regarde, mais j’aimerais autant que le choix, on en comprenne dans toutes les implications.

Parce que faut pas se plaindre après que les candidats deviennent égocentriques, non mais oh.

Fermons cette petite parenthèse.

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