Girlie, girlie. Ou quand les filles font des trucs de filles

Ces derniers jours, je pense que vous l’avez remarqué, on a eu droit à une feinte au niveau du temps. Un beau gros soleil doré en avance d’au moins trois mois, et qui est parti rapidement pour laisser place au temps pourri estival. Mais ce qu’on peut considérer comme la preuve formelle que Monsieur l’Hiver nous nargue ouvertement a au moins eu le mérite de me faire élaborer ma première théorie qui part de cette constatation: le comportement hystérique qu’adoptent parfois certains individus de sexe exclusivement féminin, dés qu’un petit rayon lumineux se pointe dans le ciel. C’est le retour tant redouté des GIRLIES!!! (les points d’exclamation ne représentent en aucun cas de l’enthousiasme. C’est de l’horreur. Juste de l’horreur.)

La girlie telle qu’on l’imagine (si elle était réellement comme ça, tout serait si simple…)

Ce sont des petits moments de folie organisés (qu’on regrette amèrement plus tard)(surtout quand il y a eu beaucoup de témoins)(et qu’on a plus de deux neurones), mais structurés et régis par des règles précises. En général, ce sont des mouvements de masse, il suffit que l’une des « girlies » donne le top départ.

La première étape, le premier pas vers la démence contrôlée, c’est le commentaire lancé en passant, sur les soldes, les fleurs du parc municipal, la série hautement philosophique « Glee », et là la girlie qui sommeille dans chaque fille tend l’oreille. Petite remarque pour les amateurs, même si le commentaire a l’air innocent et anodin, cela n’écarte en AUCUN cas la menace de la déchéance à venir, mais ne rend l’attaque que plus sournoise.

La deuxième étape, c’est la discussion houleuse. Concrètement, une des girlies potentielles présentes (i.e. toutes les filles dans un rayon de trois mètres) va relever le commentaire dit précédemment, le développer, le contrer et l’argumenter (une girlie digne de ce nom n’a pas peur de la contradiction). Et ce, jusqu’à ce qu’une autre lui coupe la parole, redéveloppe ce qui vient d’être dit, re-contre et réargumente. Et ainsi de suite jusqu’à l’étape trois. Cette étape peut être nommée le téléphone arabe spécial fille. Attention, ça va très vite, surtout quand on n’y est pas habitué. Et ça donne parfois des résultats surprenants. Exemple exemplaire : on peut partir de la dernière robe de Kate Moss, pour arriver sur un débat crucial sur la meilleure couleur de vernis à ongles (véridique).

Enfin, l’étape trois. Aussi appelée Etape Suprême. Le principe, c’est que tout le monde est d’accord avec tout le monde, mais doit absolument exprimer son avis plus fort que les autres. Si vous êtes une fille, vous ne pourrez pas vous empêcher de rejoindre ce groupe de cinglées braillardes par osmose, votre corps et votre esprit vous y obligent, il est inutile de résister (croyez-moi, j’ai essayé) même si votre unique neurone rescapé vous hurle que votre dignité ne s’en relèvera jamais. Si vous êtes un garçon, méfiance méfiance, toutes ces femelles seraient bien capables de demander (d’exiger) que vous arbitriez le débat (dont vous ne comprenez probablement que dalle, et dont vous vous battez encore plus probablement les steaks, mais complètement).

La girlie telle qu’elle est réellement, et en son essence profonde. Je lui trouve une légère ressemblance avec des lions affamés. Ca fait peur hein?

Donc, à moins que vous ne souhaitiez finir coincé dans une conversation animé sur le côté hype du motif à fleurs en cette période de soldes ou, pire, en plein milieu d’une controverse existentielle sur le potentiel du couple Jenny-Nathan dans Gossip Girl (les initiés reconnaîtront. Pour les autres, ne cherchez pas), je ne saurais trop vous conseiller de FUIR (le plus rapidement et le plus discrètement possible)(toutefois, en cas de force majeure, la rapidité prône sur la discrétion).

Et n’oubliez pas : quoiqu’elle en dise, chaque fille cache une girlie au plus profond d’elle-même (même si pour certaines, il faut bien chercher). La mienne par exemple s’appelle Marion ; elle ne boit que du Coca light, se maquille en cachette, bave devant les magazines très scientifiques comme Elle, et est une fan inconditionnelle de Diglee et du rose (le rose pâle, pas le rose foncé, ça ne prend pas bien la lumière, ou pire le rose fuschia, beurk). Et allez savoir pourquoi, c’est le beau temps qui fait ressortir le côté girlie et l’expose à la face du monde (en hiver, pas de girlie à l’horizon, toutes les filles sont ennuyeuses, stressées, et ne parlent que des examens… j’aime pas l’hiver).

Après, il y a aussi celles qui restent girlies 24 heures sur 24, 365 jours par an, voire 366…

A bon entendeur. Fermons la parenthèse.

Les spéléologues de l’Institut Pasteur

Mademoiselle X est en cours, cours de biologie moléculaire précisemment, et hélas, hélas, il n’y a aucun moyen de se le cacher, elle s’ennuie. Non pas que le copinage entre les cellules et les protéines ne lui soit prodigieusement indifférent, mais un peu quand même. Elle est assise au fond de la classe par la grâce d’un miracle inexpliquée, et dans une tentative désespérée de suivre le discours décousu et plein de mystères que le professeur prononce d’un ton monocorde, elle sent une migraine vicieuse pointer dans son cerveau en effervescence (j’ai toujours aimé l’idée d’un cerveau effervescent, pas vous?)

Imaginez ce truc en effervescence. Pschhhhit. Voilà.

Et comme elle est le genre de personne à se retrouver de manière récurrente dans ce genre de situation, elle sort avec la dextérité d’un lion affamé un doliprane de son sac à main géant (ou dit-on paracétamol? nom générique? Militons laboratoires Biogaran). Mais à ce moment précis, alors que mademoiselle X laisse errer un regard de bovin énamouré sur sa petite boîte jaune, sa (malchanceuse) voisine sent avec horreur un rire monstrueux monter en elle. Las, elle ne peut laisser échapper ce rire machiavélique car celui-ci n’est point congruent avec la situation actuelle (qui est, je vous le rappelle, un cours chiant au potentiel soporifique élevé).

Tout ça pour dire que j’ai failli éclater d’un rire peu féminin au milieu de l’exposition des caractéristiques des différents lymphocytes (je l’ai déjà dit, n’est-ce pas? passionant).

Pourquoi? me demanderez vous à juste titre, tant il est peu courrant de se taper une grosse marrade sans raison aucune.

Et bien, par association d’idées (un peu tordue, j’en conviens volontiers), la boîte d’aspirine de ma bien aimée voisine m’a rappelé les slogans publicitaires de l’Institut Pasteur.

Je sens vos regards perplexes. Et alors? me pressez vous, commençant à douter fortement de ma santé mentale (il était bien temps).

Et alors, ces slogans sont d’une complexité intellectuelle tellement abyssale, que le secteur communication publique du ministère de la Santé est en passe d’être comparable à la spéléologie.

Oui, comme ça. Le mec avance jusqu’à ce que la raréfaction du dioxygène affecte ses neurones, et puis, il crie: « J’ai une idée! »

Prenons tout d’abord les publicités sur les antibiotiques. Après avoir remarqué que la populace n’était composée que d’ignares incapables de comprendre que si Monsieur le Doctuer faisait une ordonnance, ce n’était pas pour faire joli, mais parce que certains médicaments ne doivent pas être pris à haute dose, et que les antibiotiques ont un peu plus d’effet sur l’organisme que des dragibus.

Donc holà! se sont exclamés savants et laborantins, horrifiés par une stupidité aussi crasse, allons voir nos camarades du secteur communication dont le QI semble être celui d’un huître de l’individu lambda pas trop futé. (attention, je n’ai rien contre ceusses qui travaillent dans la communication. J’ai une amie qui veut faire des études de psychologie, c’est vous dire si je suis ouverte d’esprit…)(je n’ai rien contre la psychologie non plus).

Mais que disais-je? Ah oui. Les glandeurs bosseurs assidus de la communication ont volé bien volontiers au secours de nos petits scientifiques et ont balancé pondu après moult confrontations le slogan suivant:

« Les Antibiotiques, C’est pas automatique » (sourire ultrabright en prime)

Oui. Je sais. J’ai mal. Mais soyons juste, ce n’est pas trop mal tourné. Ca rime (ce qui est un plus indéniable) et en plissant les yeux au plus profond de la nuit, ça ressemble presque à un hexamètre raté (pour les non-initiés, les hexamètres sont des vers de 6 syllabes ou pieds. Héhé)

Mais bon, apparemment, ce magnifique slogan n’a pas rencontré beaucoup de succés puisque un an plus tard, les mêmes zouzous revenaient avec un nouveau, réadapté. Je vous présente donc la version 2.0 dans la série slogan pourri, mise à jour toujours appréciable. Voyons s’ils ont réussi à faire pire:

« Les Antibiotiques. Utilisés à tort, Il deviendront moins forts. » (on vous offre le regard sérieux et le froncement de sourcils dramatique. C’est la maison qui offre)

Et voilà. Ils ont fait pire. Que dire à part hurler que vous sentez vos neurones quitter votre boîte crânienne dans un vent de panique?

Le discours d’un bon papa à son gosse de 4 ans serait moins bêtifiant: « Pas toucher, sinon bobo! ». Ils sont convaincus que nous devenons de plus en plus stupides chaque année, je ne vois pas d’autre explication.

On remarquera l’effort des publicitaires de se mettre au niveau du public: pas de mot trop compliqué (genre « automatique »), on privilégie les monosyllabes, on garde la rime par contre (style comptine pour attardés, mais je dis ça comme ça, hein), mais bon, le rythme, on s’en fout, on t’en donnera des hexamètres, ils se débrouilleront avec ce qu’ils auront, merde!

Que le public se sente insulté et/ou puisse se foutre royalement de la gueule des sus-nommés publicitaires n’a effleuré l’idée de personne en ces hauts lieux.

Tant pis, soupirerez- vous avec moi, nous avons été habitués à pire. Après les pubs pour lutter contre l’obésité, on s’est d’ores et déjà résigné au ton abominablement paternaliste de ces entités supérieures.

Pour parler de ces pubs d’ailleurs ( toujours pendant ce même cours de biologie, c’est fou comme le temps peut être long), en les regardant, on peut légitimmement hésiter entre hurler d’horreur, pleurer de désespoir ou rire en hystérique (j’ai opté pour la troisième option, je suis une incorrigible optimiste).

Comme je me sens d’humeur badine, je consens à vous livrer le secret de fabrication de ces pubs (même si vous les savez probablement autant que moi, mais il est toujours bon de rire de choses qui le mérite en toute impunité): on prend la note que Monsieur le Ministre a griffoné à la hâte sur un Post-it intitulé « Message urgent pour la Nation » (exemple parmi tant d’autres « 5 fruits et légumes par jour »), on recopie tel quel, parce que les phrases, les constructions grammaticales, tout ça, c’est tellement dépassé, on l’écrit en gros dans une vidéo, et on ajoute des éléments improbables qui attirent l’attention du zappeur potentiel, genre une tomate et une courgette avec des yeux qui font des choses censément lolilol et accessoirement inutiles, comme grimper l’un sur l’autre pour faire des ombres bizarres, bouh ça fait peur (par son idiotie).

Un petit conseil quand même pour les publicitaires en herbe: si vous voulez qu’on vous prenne sérieusement, évitez de nous prendre pour des cons. Même ma petite nièce de 6 piges dit que vous ne racontez que du gros caca (elle ne jure pas encore à son âge).

Je me doute que ça va à l’encontre de vos valeurs et de votre conviction profonde que le public est dénué de réfléxion, mais je vous assure que si, le respect, ça PEUT marcher!

Sur cette méditation profonde qui ne rappelle pas du tout les maximes enfantines de Tchoupi et de son ami l’ours orange tendance vomi, je vous quitte pour m’en aller quémander un paracétamol à ma voisine (qui m’aura servi à quelque chose finalement), parce que les réflexions inutiles, mine de rien, ça fait chauffer le cerveau.

Fermons cette petite parenthèse.