La Ruée vers le… Rien

Vendredi, à ma joie immense, j’ai eu l’honneur de revivre un moment intense d’émotion humide par lequel je croyais ne plus jamais avoir à repasser. Si vous n’avez pas compris de quoi je voulais parler, soit vous habiter ailleurs que dans nos contrées franchouillardes (et encore, ne parle-t-on pas de cet évènement à l’importance démesurée dans les étrangies lointaines?) soit votre quotient de rusitude est loin d’être optimal. Mais comme le disait un trio de penseurs célèbres « Il ne faut jamais prendre les gens pour des cons, mais ne jamais oublier qu’ils le sont » (humour humour)(hum, excusez-moi, je suis un peu en rogne de la fatigue)(heu…)

est-ce seulement humain? Cela ressemble de manière troublante à un poulpe dépressif...

On a envie d’avoir foi en l’espèce humaine, on le veut vraiment. Mais que voulez vous faire face à un regard si… mort?

Brefons. Je suis donc aller rechercher les résultats du bac de certains prétendus amis qui ne le seront bientôt plus (vive facebook qui permet de matérialiser toutes nos bouderies sans que ça ait l’air totalement puéril) par la magie de ce qu’on appelle couramment la procuration ou moins couramment le don d’embêter le monde sans quitter sa plage de Monaco (existe aussi avec la formule « île des Bahamas »).

Pour faire court, ça a été l’horreur. Entre les parents hystériques et les gnomes fumeurs, autant vous dire qu’au bout de cinq minutes à peine, j’avais envie de me pendre. C’est fou la vitesse relativement impressionnante à laquelle des personnes à priori saines d’esprit peuvent perdre leur précieux reliquat de bon sens…

Je commençais déjà avec des désavantages colossaux: celui d’être en retard, celui de ne pas avoir amener les papiers et, pas le moindre, celui d’être petite (que celui qui a cru à un jeu de mot aille s’enterrer au fin fond du Sahara).

Je me suis donc pointée bonne dernière avec 45 minutes de retard au lycée adéquat, croyant benoîtement que cela resterait sans conséquence. Que nenni. Et bien, croyez-moi, en 45 minutes, un foule hystérique a le temps de doubler de taille, de volume et d’agitation. Inutile de même songer à approcher les tableaux affichant les résultats dans ces conditions, je me suis directement dirigée vers une file en croisant les doigts et les orteils pour que ce soit la bonne. Il va sérieusement falloir que je m’atèle à la tâche de me procurer un gène de l’organisation non déficient. Au bout de 20 interminables minutes d’attente à une queue plus interminable encore, un surveillant essouflé aux cheveux gras (oui, je suis l’hôpital qui se rit de la charité, je ne veux même pas savoir l’état de mes cheveux après ce long périple) m’aborde en me demandant des papiers. Quesako? Je n’étais venu qu’avec ma carte d’identité (vous savez, celle où vous avez un tête de fion et que vous devrez trimbaler encore 10 ans?) et un vague brouillon en guise de lettre attestant de la procuration. Une convocation? Nope. Donc direction la sortie. Problème: parcourir une foule heureuse à contre courant, ça peut être fatal. On comprend maintenant pourquoi ma taille était un facteur important. J’étais noyée plutôt qu’autre chose.

Je suis revenue une demi-heure plus tard en suant comme un boeuf, le sésame à la main (et à peine froissé). Ça me sidère tout cet étalage d’enthousiasme pour ce qui ne représente rien de plus qu’un laisser-passer extrêmement commun. Et si vous faites partie des petits chanceux qui m’ont entendu manifester ma joie quand j’ai découvert que mon futur non-ami avait eu mention très bien, vous pouvez dores et déjà créer le groupe « si toi aussi tu as déjà été agressé psychologiquement par un folle hurlant sa joie le jour du résultat du bac ». Et vive facebook.

Fermons la parenthèse.

Je suis Joie, Enthousiasme et Bonne Volonté (je pourrais presque ajouter un smiley)

Mes chers coplanètaires,

J’ai honte. Je vous ai lâchement abandonné pendant presque deux longs mois. Mea culpa, je me repends et je me répands, c’est vous dire la vérititude de ma repentance. Mais sachez que ma désertion ne fut en aucun cas volontaire. Voici la chose: le mois dernier, j’ai été initiée à WoW.

Mon meilleur ami ces derniers temps...

Avant, j’avais une vie sociale. Mais, ça, c’était avant.

Pour les heureux chanceux qui ne connaissent pas WoW (ou World of Warcraft), sachez seulement que WoW, c’est… et bien… c’est le Mal (prononcez « le MAAAAAAAAAAAAAAL!!!!!!!! », les oignons et les croix en bois sont disponibles au guichet, merci). Horriblement addictif, pire que l’alcool, les clopes et les médocs réunis. Pour vous donner une idée du niveau d’insanité que ce jeu m’a faite atteindre, j’ai un instant envisager de tout plaquer et d’aller vivre en ermite en Sibérie uniquement accompagnée de mon pack de survie (i.e. des briques de lait, des boîtes de céréales et un ordi. C’est tout) et traîner tout le jour durant dans un bunker, vêtue d’un vieux pyjama, pas lavée, pas coiffée, avec de la salive séchée aux commissures des lèvres. Je vous laisse méditer sur cette image à potentiel saikse incommensurable.

Bref.

Mais qu’est-ce que donc qui t’a fait revenir? me demandez-vous benoîtement.

Ce qui m’a fait revenir, ce sont les exams de fin d’année, ceux avec un grand P comme Panique. Plus précisément, ce fut ce moment maudit où on se rend compte que, ah, non, les cours ne sont pas des heures de loisir destinées à vilipender avec force ricanements des propos emplis de cruauté et de mauvaise foi à l’encontre des « dispensateurs du Savoir » mais, oui, effectivement, des heures où nous sommes censés apprendre quelque chose.

Cette terrible révélation aux allures d’Épiphanie déclenche en nous de curieux comportements (mais pas celui de travailler, c’est dingue ça quand même):

  • Il y a celui qui s’en fiche. Apparemment, le sursaut de lucidité n’a pas réussi à ébranler ce qui lui sert de matière grise. « Ha, heu, ben, oui, faut bosser… Heu, bah, non, jvais pas le faire, heu, bah, ça va, c’est… heu, chuis cool, quoi. » Admirez la virtuosité de la prose, de l’argumentation. J’en suis toute ébaubie. Bon, par contre, à moins d’être né avec LE gène de la coolitude, je suis au regret de vous informer qu’il est peu probable que vous arriviez jamais à un tel niveau de détachement (à part en abusant de certaines substances illicites, qu’en tant que personne responsable, je ne saurais vous recommander). Signes distinctifs: a dormi tout au long de l’année (même au tout début quand tout le monde était frais, dispo et motivé), n’a jamais rien eu dans son sac (on se demande pourquoi il prenait la peine de l’apporter), a toujours les cheveux dans les yeux (ce qui le fait vaguement ressembler à un cocker larmoyant, ou à une limace géante, on ne sait pas, mais quelque chose de pas complètement humain en tout cas). Ce qui se passera: on le reverra au rattrapage sans doute avec la même motivation (on ne se refait pas)
  • Il y a celui qui dort. La révélation n’est pas encore descendu sur lui. Signes distinctifs: d’une manière générale, il est toujours en retard pour tout. C’est lui qui a demandé s’il fallait vraiment demander sa carte d’électeur la veille des élections. Ce qui se passera: on ne sait pas trop, on prie pour lui, mais sans se faire trop d’illusion.
  • Il y a celui qui le savait déjà et que du coup, on a légèrement envie de taper. Signes distinctifs: il y a un planning accroché au mur de sa chambre, juste à côté de son bureau, avec toutes les révisions qu’il a effectuées depuis janvier, et toutes celles qu’il doit faire, avec des marqueurs fluos qui veulent dire « urgent », « pas urgent mais à faire », « pas nécessaire mais utile », « pas utile mais intéressant ». Il fait trop flipper sa race parce que 1) QUOI LE BAISE???? (cette expression est sponsorisée par l’Impératrice du Beulogue) 2) il n’a jamais été tout à fait normal, mais là, c’est carrément maniaque 3) ses sujets de révisions « pas utiles mais intéressants » (en rose sur le planning) portent sur des trucs ultra pointus dont personne n’avait entendu jusqu’alors (du genre la couleur préférée de Kant ou le régime alimentaire de Georges Pompidou); et il a noté que c’était intéressant. Ce qui se passera: il finira sans doute célibataire à repasser ses chaussettes et à les accorder à ses slips par nuances de gris. En attendant, on le met en quarantaine, des fois que la folledinguerie soit contagieuse.
  • Il y a celle qui panique et on ne sait pas pourquoi. Signes distinctifs: Elle fait des plannings qu’elle ne respectera pas (trop remplis), des fiches qu’elle n’apprendra pas (trop fluos, ça pique les yeux), chaque conversation entamée avec elle aboutira à la longue énumération de tous les sujets qu’elle n’a pas révisé. Ses gouttes de sueur, ses tics nerveux, ses pupilles dilatées, tout en elle témoigne du long hurlement de terreur qu’elle doit entendre non stop depuis la révélation (ou alors c’est qu’elle a abusé de la beuh dans une vaine tentative de ressembler à celui qui s’en fiche. C’est pas bien). Le pire, c’est que son stress est contagieux. Ce qui se passera: Si elle ne perd pas tous ses cheveux, tout ira bien pour elle. On ne se fait pas de souci, on a arrêté de s’inquiéter pour ses résultats scolaires depuis qu’on l’a surprise il y a deux ans à pleurer toutes les larmes de son corps parce qu’elle avait « Tableauu d’honneur et pas Félicitatioooooooooons! » Donc bon. Si ça se trouve, elle aura la meilleure note de l’établissement. Et une médaille.
  • Il y a celui qui panique mais on sait pourquoi. Signes distinctifs: les mêmes que ci-dessus… Ce qui se passera: … sauf que lui, il échouera vraiment.
  • Il y a celui qui réagit bizarrement. Et c’est un euphémisme. Signes distinctifs: à la base, il pourrait être un « celui qui panique ». Sauf que son cerveau a alors un réflexe (qui est, en fait, un réflexe de caca): il lui trouve une passion quelconque, vive et irraisonnée (sport, art, programmation, WoW… heu…) à laquelle il se consacrera entièrement pour s’épargner le stress que susciterait une réflexion trop approfondie au sujet des examens qui arrivent (les choses sont bien faites; on jurerait que c’est fait exprès). Technique pourrie, on est bien d’accord. Mais c’est pour « motiver » dans les révisions. On cherche encore le lien entre les jeux vidéos et la motivation à réviser la France des années 60. Mais il y a peut-être un lien logique qui nous échappe. Ce qui se passera: Méthode peu rentable, il est légitime de douter quant aux résultats. Beaucoup douter.

Ah, pourquoi tant de stress et de dénégation de l’échéance quand il est si simple d’ouvrir ses bouquins et de bosser? N’est-ce pas encore la meilleure manière de s’échapper de la boucle des interrogations infinies (« serais-je ou ne serais-je point à la hauteur? », « est-il temps de pleurer ou pas? ») et de réussir?

Sur ce, je vous laisse, un raid m’attend sur WoW. Non, mais c’est seulement pour me motiver, ensuite promis, je me mets au taff.

Fermons la parenthèse.

Nous être gros animaux politiques (hurlements bestiaux)

Puisque maintenant, je suis une bonne élève et que je me mets au premier rang pour éviter les maux de tête (voir ici)(je m’autocite, c’est dingue) lors de mes cours de philosophie juridique (avec un prof qui vous fixe de ses yeux globuleux… je vous assure que c’est flippant), je me suis soudain rappelée pourquoi je me mettais au fond avant j’en ai écouté suffisamment pour entendre que:

Nous sommes des animaux politiques » (Aristote)

J’en ai donc profité pour méditer sur les affres de la politique actuelle (et non, ça n’a rien  à voir avec le reste du cours si vous voulez savoir, lequel portait sur la legitimité des lois. Je crois. Mais je m’ennuyais.)

Donc, nous sommes des animaux. En tant que tels, nous aimons laisser notre empreinte, nos marques, mais puisque nous sommes, apparemment, doués d’intelligence, nous aimerions autant que cette marque dure plus longtemps que le pipi du chat sur le canapé, toute une vie, reste dans l’Histoire, et pourquoi pas soit gravé en lettres de feu dans le ciel pour l’éternité. Quand ce sont de petits rigolos comme Justin Bieber ou Marc Levy qui embêtent profondément le monde en tentant d’imposer leurs marques (qui ne valent pas mieux que de l’urine de chat, mais chut, je ne critique personne), ce n’est pas bien grave, sauf peut-être pour nos yeux et nos oreilles.

Un animal développé en puissance. Appelez la SPA. Ou la fourrière.

Mais quand ce quelqu’un, séduit par l’idée de pseudo-immortalité, s’avise de vouloir guider la Nation pour assouvir son désir, c’est déjà plus problématique. On voit mal, en effet, comment un tel personnage pourrait répondre aux attentes, heu, du peuple, et non à ses propres attentes et il y a beau temps que la fameuse blague « L’Etat, c’est moi » ne fait plus rire personne.

Avant ça le faisait rire, lui.

Et donc, en nos temps printaniers (ou presque) de campagne présidentielle, il serait peut-être intéressant de voir si les candidats proposés envisagent ou non de répondre à nos attentes. Comment peut-on le vérifier? me demanderez vous, implorants. Et bien, je vous donne, dans ma bonté extrême, mon secret: lire les programmes. Bon, je reconnais que la lecture en est souvent ardue (à croire qu’ils ont été écrits exprès pour qu’on ne puisse pas les lire, c’est fou ça, non?), et qu’à cause de facteurs aussi divers que décisifs (flemme, fatigue, flemme, indifférence, flemme, flemme, flemme), nombre de potentiels votants ne les ont pas lu, ces fameux programmes. Bon, au fond, peu importe, même s’il est vrai que cela ferait fondre comme neige au soleil la crédibilité de certains prétendants, et que surtout, surtout, cela diminuerait nos envie de meurtre lorsque Cathy, fraîchement majeure, accourera vers nous, un sourire plaqué sur sa bonne tête à claque, révélant qu’elle pourra voter, hihihi, c’est trop frais, en plus le maire va lui remettre sa carte d’électeur en main propre, huhu, elle est trop importante pour la France, elle se sent plus, hihihi.

Mais là n’est pas le noeud du problème. Non, le problème, c’est que cette campagne commence (soyons optimiste, peut-être que ça s’arrangera par la suite) par se baser sur de brillants arguments que je renommerais les arguments « MOI, JE »:

« Moi, je vous sortirais de la crise! » (parce que Superman m’a appris quelques trucs pendant les vacances)

« Moi, j’aime les jeunes! » (ce genre de déclaration a plutôt tendance à m’inquiéter, je ne sais pas pour vous, mais bon…)

« Moi, je suis le/la seul(e) à dire ce que personne ne dit! » (parce que le héroïsme désespéré, ça fait recette de nos jours – mais personne ne lui a jamais dit que peut-être la raison en était qu’il/elle ne disait que du grand n’importe quoi que quiconque se garderait bien de répéter? Parce qu’en général si tu es le seul à dire ce que tu dis, c’est que peut-être tu as tord. En tout cas, moi, je me poserais des questions à sa place…)

« Moi, je suis proche des gens! » (et pour le prouver, tu vas sur TF1 parler à ces mêmes gens d’un ton paternaliste et protecteur que d’autres utilisent pour parler à des chiots… chacun ses valeurs)

« Moi, je ne m’expose pas honteusement dans les médias! »(ton clone maléfique le fait à ta place en ce cas, ça doit être pratique)

« Moi, je suis culturé, regardez mon gros livre! » (sic. Juste… Juste sic)

« Moi, je suis génial, les autres, c’est que des bouseux, ils sont placés plus bas que les bébés limaçons dans l’échelle sociale, c’est vous dire. » (je rêve qu’un jour, on en arrive à là)

On a la vague impression de se retrouver devant la Ferme Célébrité, avec les coups de gueule, les idiots, et ceux qui boudent. Passionant. Sans compter ceux qui rebondissent allègrement sur des faits divers pour remonter leur cote de popularité.

Nous en sommes donc réduits à voter selon les personnalités des candidats. Leur charisme. Leur assurance. Pas leurs projets économiques, ha non, c’est chiant ça, on va laisser ce choix à ceux qui ont lu les programmes. Personne ne semble avoir tilté que c’est quasiment aussi ridicule que voter pour quelqu’un parce qu’il est blond ou qu’il a des lunettes (enfin, si, des tas de gens l’ont compris mais chut, on bouge rien, on reste comme ça, hein?). Personnalité en politique n’est jamais qu’un personnage, qu’un déguisement, et non la réalité, nous le savons tous, mais quelquefois, on peut s’accomoder de l’incohérence.

Les lunettes. Un facteur de vote puissant.

J’entends d’ici les détracteurs :

« Oui, mais non, mais pour les relations diplomatiques, c’est bien que les pays voisins voient que notre chef d’Etat sait s’imposer, ça nous donne la classe à l’international, huhu. » Sans vouloir vous vexer (ou à peine), si l’Etat se noie dans la crise comme une sombre bouse, eût-on Georges Clooney comme président, ça n’empêchera pas le monde entier de se foutre de notre gueule (et je ne dis pas que j’aime Georges Clooney, ou qu’il est charismatique, je dis juste que… oh, et puis, laissez tomber).

« C’est le même système aux Etats-Unis, je ne vois pas où est le problème. » Ha, c’est pareil aux US, pays autoproclamé du vedettariat et du pouvoir totalisant de la presse? Ha. Alors amen. C’est pas comme si il y avait eu un président américain ex-acteur qui avait voulu créer un bouclier spatial pour faire comme dans Star Wars. Mais il était charismatique, alors…

« C’est bien gentil de critiquer quand on ne propose rien! » Humpf, attaque sournoise sur ma personne, quand je m’attendais à être critiquée sur mes idées. Ha, mais si je propose. Je propose que les politiques arrêtent de se foutre de nous, et écrivent des programmes vaguement compréhensibles et moins soporifiques. Et qu’ils débattent sur les contenus des  programmes. Et non sur qui a insulté qui (parfois, on se croirait dans une cours de récréation, c’est dément). Mais en attendant ce jour utopique, je propose d’essayer de lire les programmes, ou du moins, d’en comprendre les grandes idées, et de réaliser que certains n’ont absolument aucune idée de redressement économique réaliste (trois milliards d’euros ne se trouvent pas dans les arbres, non madame). Faire son choix ensuite, c’est vous que ça regarde, mais j’aimerais autant que le choix, on en comprenne dans toutes les implications.

Parce que faut pas se plaindre après que les candidats deviennent égocentriques, non mais oh.

Fermons cette petite parenthèse.

Girlie, girlie. Ou quand les filles font des trucs de filles

Ces derniers jours, je pense que vous l’avez remarqué, on a eu droit à une feinte au niveau du temps. Un beau gros soleil doré en avance d’au moins trois mois, et qui est parti rapidement pour laisser place au temps pourri estival. Mais ce qu’on peut considérer comme la preuve formelle que Monsieur l’Hiver nous nargue ouvertement a au moins eu le mérite de me faire élaborer ma première théorie qui part de cette constatation: le comportement hystérique qu’adoptent parfois certains individus de sexe exclusivement féminin, dés qu’un petit rayon lumineux se pointe dans le ciel. C’est le retour tant redouté des GIRLIES!!! (les points d’exclamation ne représentent en aucun cas de l’enthousiasme. C’est de l’horreur. Juste de l’horreur.)

La girlie telle qu’on l’imagine (si elle était réellement comme ça, tout serait si simple…)

Ce sont des petits moments de folie organisés (qu’on regrette amèrement plus tard)(surtout quand il y a eu beaucoup de témoins)(et qu’on a plus de deux neurones), mais structurés et régis par des règles précises. En général, ce sont des mouvements de masse, il suffit que l’une des « girlies » donne le top départ.

La première étape, le premier pas vers la démence contrôlée, c’est le commentaire lancé en passant, sur les soldes, les fleurs du parc municipal, la série hautement philosophique « Glee », et là la girlie qui sommeille dans chaque fille tend l’oreille. Petite remarque pour les amateurs, même si le commentaire a l’air innocent et anodin, cela n’écarte en AUCUN cas la menace de la déchéance à venir, mais ne rend l’attaque que plus sournoise.

La deuxième étape, c’est la discussion houleuse. Concrètement, une des girlies potentielles présentes (i.e. toutes les filles dans un rayon de trois mètres) va relever le commentaire dit précédemment, le développer, le contrer et l’argumenter (une girlie digne de ce nom n’a pas peur de la contradiction). Et ce, jusqu’à ce qu’une autre lui coupe la parole, redéveloppe ce qui vient d’être dit, re-contre et réargumente. Et ainsi de suite jusqu’à l’étape trois. Cette étape peut être nommée le téléphone arabe spécial fille. Attention, ça va très vite, surtout quand on n’y est pas habitué. Et ça donne parfois des résultats surprenants. Exemple exemplaire : on peut partir de la dernière robe de Kate Moss, pour arriver sur un débat crucial sur la meilleure couleur de vernis à ongles (véridique).

Enfin, l’étape trois. Aussi appelée Etape Suprême. Le principe, c’est que tout le monde est d’accord avec tout le monde, mais doit absolument exprimer son avis plus fort que les autres. Si vous êtes une fille, vous ne pourrez pas vous empêcher de rejoindre ce groupe de cinglées braillardes par osmose, votre corps et votre esprit vous y obligent, il est inutile de résister (croyez-moi, j’ai essayé) même si votre unique neurone rescapé vous hurle que votre dignité ne s’en relèvera jamais. Si vous êtes un garçon, méfiance méfiance, toutes ces femelles seraient bien capables de demander (d’exiger) que vous arbitriez le débat (dont vous ne comprenez probablement que dalle, et dont vous vous battez encore plus probablement les steaks, mais complètement).

La girlie telle qu’elle est réellement, et en son essence profonde. Je lui trouve une légère ressemblance avec des lions affamés. Ca fait peur hein?

Donc, à moins que vous ne souhaitiez finir coincé dans une conversation animé sur le côté hype du motif à fleurs en cette période de soldes ou, pire, en plein milieu d’une controverse existentielle sur le potentiel du couple Jenny-Nathan dans Gossip Girl (les initiés reconnaîtront. Pour les autres, ne cherchez pas), je ne saurais trop vous conseiller de FUIR (le plus rapidement et le plus discrètement possible)(toutefois, en cas de force majeure, la rapidité prône sur la discrétion).

Et n’oubliez pas : quoiqu’elle en dise, chaque fille cache une girlie au plus profond d’elle-même (même si pour certaines, il faut bien chercher). La mienne par exemple s’appelle Marion ; elle ne boit que du Coca light, se maquille en cachette, bave devant les magazines très scientifiques comme Elle, et est une fan inconditionnelle de Diglee et du rose (le rose pâle, pas le rose foncé, ça ne prend pas bien la lumière, ou pire le rose fuschia, beurk). Et allez savoir pourquoi, c’est le beau temps qui fait ressortir le côté girlie et l’expose à la face du monde (en hiver, pas de girlie à l’horizon, toutes les filles sont ennuyeuses, stressées, et ne parlent que des examens… j’aime pas l’hiver).

Après, il y a aussi celles qui restent girlies 24 heures sur 24, 365 jours par an, voire 366…

A bon entendeur. Fermons la parenthèse.

Le fabuleux pays de Pipoland

Il n’y a pas si longtemps (quelques jours, quelques semaines, quelques mois, quelques années, qu’importe de si subtiles nuances dans le grand scheme de la vie?), mes petits camarades et moi-même avons été traînés par les cheveux pour fortement conseillés à passer des entretiens d’embauche factices sans enjeu aucun, parce que… pour rien en fait, il n’y a pas d’enjeu, donc pas de raison, c’est aussi simple que cela. Enfin, peut-être ont-ils été conçus pour nous embêter gravement (auquel cas ils ont parfaitement rempli leur mission), mais la bienséance me permet d’en douter. Ce que l’on retiendra de cette expérience enrichissante (à part le fait qu’elle fut horriblement enquiquinante)(oui, je sais, j’insiste lourdement dessus, mais le jour où on vous obligera à vous lever à 6 heure un samedi matin, vous ferez de même), ce sera l’aspect très hypocrite du geste.

Le principe est simple: l’élève (pardon, le jeune adulte) doit craquer des bobards le plus habilement possible dans la tête des deux ou trois vieux personnes d’expérience qui lui font face, le genre de bobard réaliste et facile à avaler comme « j’espère (ne jamais dire je veux, ça fait mauvais genre. Le désir est un crime odieux bientôt puni par la loi) devenir PDG d’une firme indépendante et humanitaire pour la survie des lamas à Tombouctou (la cause des lamas est trop souvent ignorée) parce que je suis une personne ouverte, ambitieuse, pleine de bonté, qui ne demande rien de plus que découvrir de nouvelles cultures! » alors que pas plus tard que samedi dernier, son amibition était de devenir un(e) chanteur(teuse) révélé(e) par The Voice, émission culturelle par exellence. Les examinateurs, eux, boudinés de sagesse et de psychanalyse à deux sous, donneront des conseils qui révolutionneront à jamais la vie de l’élève (après avoir suivi les conseils de ses examinateurs, Jacques est devenu abonné à Pôle emploi, lui qui pourtant se destinait à une édifiante carrière d’ingénieur. Coïncidence? Je ne crois pas).

Bref, du Pipo pur et dur, qui, il est vrai, a eu pour mérite de révéler à Marjorie sa voie future (Marjorie, mais si, vous savez, cette p… pimbêche qui vous vole vos amoureux ou qui vous brise le coeur, selon le sexe, depuis la maternelle, qui se maquille comme une voiture volée et qui rigole tout le temps super fort et sans raison. Marjorie.). Marjorie qui d’ailleurs n’a pas résisté à la tentation d’envoyer à tous ses contacts un texto significatif : « I ❤ PIPO!!!!!! I want to go to HEC!!!!!!!!! » (et non, bande de mauvaises langues, elle n’utilise pas le franglais et les sigles par snobisme, c’est seulement parce qu’elle a un blackberry, qu’elle ne peut donc pas avoir de é ni de è et encore moins de ê, et que tout de suite, ça devient plus compliqué de parler la langue de Molière dans ces conditions, do you get it?).

Donc, autant vous dire que le discours touchant de monsieur le Proviseur sur l’attitude extrêmement positive que nous avions adoptée avait de quoi faire expirer de rire. Je n’attends donc pas un instant pour me bidonner en votre compagnie.

Rions, mes bons amis. Et fermons la parenthèse.

Les spéléologues de l’Institut Pasteur

Mademoiselle X est en cours, cours de biologie moléculaire précisemment, et hélas, hélas, il n’y a aucun moyen de se le cacher, elle s’ennuie. Non pas que le copinage entre les cellules et les protéines ne lui soit prodigieusement indifférent, mais un peu quand même. Elle est assise au fond de la classe par la grâce d’un miracle inexpliquée, et dans une tentative désespérée de suivre le discours décousu et plein de mystères que le professeur prononce d’un ton monocorde, elle sent une migraine vicieuse pointer dans son cerveau en effervescence (j’ai toujours aimé l’idée d’un cerveau effervescent, pas vous?)

Imaginez ce truc en effervescence. Pschhhhit. Voilà.

Et comme elle est le genre de personne à se retrouver de manière récurrente dans ce genre de situation, elle sort avec la dextérité d’un lion affamé un doliprane de son sac à main géant (ou dit-on paracétamol? nom générique? Militons laboratoires Biogaran). Mais à ce moment précis, alors que mademoiselle X laisse errer un regard de bovin énamouré sur sa petite boîte jaune, sa (malchanceuse) voisine sent avec horreur un rire monstrueux monter en elle. Las, elle ne peut laisser échapper ce rire machiavélique car celui-ci n’est point congruent avec la situation actuelle (qui est, je vous le rappelle, un cours chiant au potentiel soporifique élevé).

Tout ça pour dire que j’ai failli éclater d’un rire peu féminin au milieu de l’exposition des caractéristiques des différents lymphocytes (je l’ai déjà dit, n’est-ce pas? passionant).

Pourquoi? me demanderez vous à juste titre, tant il est peu courrant de se taper une grosse marrade sans raison aucune.

Et bien, par association d’idées (un peu tordue, j’en conviens volontiers), la boîte d’aspirine de ma bien aimée voisine m’a rappelé les slogans publicitaires de l’Institut Pasteur.

Je sens vos regards perplexes. Et alors? me pressez vous, commençant à douter fortement de ma santé mentale (il était bien temps).

Et alors, ces slogans sont d’une complexité intellectuelle tellement abyssale, que le secteur communication publique du ministère de la Santé est en passe d’être comparable à la spéléologie.

Oui, comme ça. Le mec avance jusqu’à ce que la raréfaction du dioxygène affecte ses neurones, et puis, il crie: « J’ai une idée! »

Prenons tout d’abord les publicités sur les antibiotiques. Après avoir remarqué que la populace n’était composée que d’ignares incapables de comprendre que si Monsieur le Doctuer faisait une ordonnance, ce n’était pas pour faire joli, mais parce que certains médicaments ne doivent pas être pris à haute dose, et que les antibiotiques ont un peu plus d’effet sur l’organisme que des dragibus.

Donc holà! se sont exclamés savants et laborantins, horrifiés par une stupidité aussi crasse, allons voir nos camarades du secteur communication dont le QI semble être celui d’un huître de l’individu lambda pas trop futé. (attention, je n’ai rien contre ceusses qui travaillent dans la communication. J’ai une amie qui veut faire des études de psychologie, c’est vous dire si je suis ouverte d’esprit…)(je n’ai rien contre la psychologie non plus).

Mais que disais-je? Ah oui. Les glandeurs bosseurs assidus de la communication ont volé bien volontiers au secours de nos petits scientifiques et ont balancé pondu après moult confrontations le slogan suivant:

« Les Antibiotiques, C’est pas automatique » (sourire ultrabright en prime)

Oui. Je sais. J’ai mal. Mais soyons juste, ce n’est pas trop mal tourné. Ca rime (ce qui est un plus indéniable) et en plissant les yeux au plus profond de la nuit, ça ressemble presque à un hexamètre raté (pour les non-initiés, les hexamètres sont des vers de 6 syllabes ou pieds. Héhé)

Mais bon, apparemment, ce magnifique slogan n’a pas rencontré beaucoup de succés puisque un an plus tard, les mêmes zouzous revenaient avec un nouveau, réadapté. Je vous présente donc la version 2.0 dans la série slogan pourri, mise à jour toujours appréciable. Voyons s’ils ont réussi à faire pire:

« Les Antibiotiques. Utilisés à tort, Il deviendront moins forts. » (on vous offre le regard sérieux et le froncement de sourcils dramatique. C’est la maison qui offre)

Et voilà. Ils ont fait pire. Que dire à part hurler que vous sentez vos neurones quitter votre boîte crânienne dans un vent de panique?

Le discours d’un bon papa à son gosse de 4 ans serait moins bêtifiant: « Pas toucher, sinon bobo! ». Ils sont convaincus que nous devenons de plus en plus stupides chaque année, je ne vois pas d’autre explication.

On remarquera l’effort des publicitaires de se mettre au niveau du public: pas de mot trop compliqué (genre « automatique »), on privilégie les monosyllabes, on garde la rime par contre (style comptine pour attardés, mais je dis ça comme ça, hein), mais bon, le rythme, on s’en fout, on t’en donnera des hexamètres, ils se débrouilleront avec ce qu’ils auront, merde!

Que le public se sente insulté et/ou puisse se foutre royalement de la gueule des sus-nommés publicitaires n’a effleuré l’idée de personne en ces hauts lieux.

Tant pis, soupirerez- vous avec moi, nous avons été habitués à pire. Après les pubs pour lutter contre l’obésité, on s’est d’ores et déjà résigné au ton abominablement paternaliste de ces entités supérieures.

Pour parler de ces pubs d’ailleurs ( toujours pendant ce même cours de biologie, c’est fou comme le temps peut être long), en les regardant, on peut légitimmement hésiter entre hurler d’horreur, pleurer de désespoir ou rire en hystérique (j’ai opté pour la troisième option, je suis une incorrigible optimiste).

Comme je me sens d’humeur badine, je consens à vous livrer le secret de fabrication de ces pubs (même si vous les savez probablement autant que moi, mais il est toujours bon de rire de choses qui le mérite en toute impunité): on prend la note que Monsieur le Ministre a griffoné à la hâte sur un Post-it intitulé « Message urgent pour la Nation » (exemple parmi tant d’autres « 5 fruits et légumes par jour »), on recopie tel quel, parce que les phrases, les constructions grammaticales, tout ça, c’est tellement dépassé, on l’écrit en gros dans une vidéo, et on ajoute des éléments improbables qui attirent l’attention du zappeur potentiel, genre une tomate et une courgette avec des yeux qui font des choses censément lolilol et accessoirement inutiles, comme grimper l’un sur l’autre pour faire des ombres bizarres, bouh ça fait peur (par son idiotie).

Un petit conseil quand même pour les publicitaires en herbe: si vous voulez qu’on vous prenne sérieusement, évitez de nous prendre pour des cons. Même ma petite nièce de 6 piges dit que vous ne racontez que du gros caca (elle ne jure pas encore à son âge).

Je me doute que ça va à l’encontre de vos valeurs et de votre conviction profonde que le public est dénué de réfléxion, mais je vous assure que si, le respect, ça PEUT marcher!

Sur cette méditation profonde qui ne rappelle pas du tout les maximes enfantines de Tchoupi et de son ami l’ours orange tendance vomi, je vous quitte pour m’en aller quémander un paracétamol à ma voisine (qui m’aura servi à quelque chose finalement), parce que les réflexions inutiles, mine de rien, ça fait chauffer le cerveau.

Fermons cette petite parenthèse.